Monday, September 05, 2011

Rien que des mots

La bestiole bondissante à poche ventrale exclusive à l'Australie est si originale que l'on peine à trouver un terme pour la définir. D'ailleurs, lorsque le naturaliste Joseph Banks, mandaté par l'aventurier James Cook, désigna l'animal pour la première fois alors qu'il était en compagnie d'un aborigène natif des lieux, ce dernier lui déclara "Gangurru", transcrit en Kangooroo ou Kanguru. Ce ne fût que quelques années plus tard que la véritable origine du mot fit surface, lorsqu'on découvrit que dans la langue de l'autochtone, il voulait tout simplement dire "Je ne te comprends pas"... A croire que le blanc bec apprêté paraissait lui-même bien étrange sur cette terre qui ne lui appartenait pas !

Melbunderground

Sport et culture ne sont que deux atouts, classiques et ennuyeux, de toute ville réputée capitale. Les stades et les musées coûtent chers et finissent par ennuyer - si c'est comme ça, autant regretter notre vieille Europe qui n'en propose pas moins... Melbourne dévoile cependant une autre facette, plus discrète, imprégnée dans les murs de ses plus sombres ruelles. On passerait presque à côté si, le nez levé, on se laissait porter par les vitrines aguicheuses des boutiques de luxe ou dévorer par les malls gargantuesques. Que ceux qui assimilent l'art de rue au passe-temps favori des jeunes de banlieue viennent y jeter un oeil, les fresques et messages symboliques sembleraient trouver un sens ici. Banksy, le célèbre artiste britannique, y est justement venu compléter son œuvre graphique et politique. Puis ce n'est pas parce que le décor s'y prête - vague odeur d'urine en prime - qu'il faut s'encanailler, la jeunesse locale qui traîne dans les petits cafés de rue n'a rien de rebelle, ce n'est qu'une déclinaison de plus de la boboïtude!










Melbourne

Descente à Melbourne au milieu de l'hiver et le ciel est gris. Cet air frais n'est pas celui de Sydney, qui nécessite un bon pull ou une veste, il faut carrément ressortir l'écharpe et le manteau. Largué sur les grandes avenues, les gens pressent le pas, le visage fermé en tenue sombre. Tout est plat, et en se mettant sur la pointe des pieds, aucune vue spectaculaire ne se découvre. Il va falloir arrêter de comparer avec la côte ouest ! La ville possède son propre charme et prenons le temps d'y goûter.








Au centre sont érigés les tours de bureaux, les temples du shopping et les tramways quadrillent l'ensemble. Se sont installées aux abords les différentes communautés: chinoise, grecque, italienne... avec des restaurants surtout et des parfums d'ailleurs. Mais 'ailleurs' c'est ici; le mélange des genres et des cultures prend vie sous un même drapeau ne l'oublions pas. Puis il y a cette Histoire avec un grand H que l'on aimerait bien connaître. La conquête, les luttes, ce qu'on appelle communément le 'passé douloureux' de toute nation moderne. Là est la mission des mémoriaux, des statues et des expositions. Il ne faut pas manquer non plus le jardin botanique, véritable jungle intra-urbaine qui collectionne les espèce végétales rares et communes de ce qui fait le vert australien. La rivière Yarra qui coupe la cité, quant à elle, suscite la convoitise de bien des architectes pour habiller ses berges de façon toujours plus originale.






Du côté du front de mer et de St Kilda, on se demande ce que cela donnerait en été. Pour l'heure, le vent glacé dessine des moutons sur les vagues et les usines en arrière plan finissent d'attrister le paysage. Il paraît que les pingouins apprécient l'endroit pour leurs virées nocturnes. Encore une fois un visage différent qu'il fait bon de découvrir en dégustant un fish & chips entre les gouttes. La vraie surprise toutefois se trouve au nord, dans le quartier alternatif de Fitzroy, où se succèdent petits restos sans prétention et boutiques vintage. Les touristes y sont absents tout comme le tape à l’œil qui va avec. Quelques jours suffisent au dépaysement, et l'on ajoute un à un ces clichés à notre idée du tout, notre propre carte de ce vaste pays...












Monday, August 29, 2011

Zombie March

Leader
Butcher
Stalkers
Voters
Bleeders
Babies
Crazies
Elvis
Invaders

Opera in da House

De la détermination et un brin d'audace pour atteindre ses buts, même ceux que l'on se fixe par pure vanité... La passion pour l'opéra ne m'a clairement jamais chatouillé, mais la simple idée de pouvoir avouer "J'ai vu un vrai opéra, qui dure trois heures et demie, avec des gens bien habillés et tout le cérémonial" était bien plus réjouissante. Le cadre ne laissait pas en reste: trois carapaces écaillées perdues au milieu de la baie la plus célèbre d'Australie offrant une vue imprenable sur l'autre rive, le jardin botanique et les gratte-ciels de la city.

Partenope, pièce classique signée Handeal, sous sa forme revisitée a créé l'événement en Europe dit-on. Et pour cause, les acteurs tour à tour travestis, contorsionnistes, hystériques et polygames se croisent et se défient au rythme d'envolées lyriques à faire vibrer les tympans. Les références sexuelles se multiplient au fil des actes, à la surprise des aficionados et curieux de tous âges. Moi, c'est ma première fois et finalement, le temps n'est pas si long devant cette improbable mise en scène. Il m'en faudra certainement bien plus pour ravaler mes préjugés...

Friday, November 19, 2010

Born to be wild

Errance télévisuelle, et je reste scotché sur un documentaire pas comme les autres, sur le bush australien. Un homme barbu, la mine fatiguée, explique comment pêcher avec une lance. Il sait aussi immobiliser les crocodiles, recueillir de l'eau en plein désert grâce à une bâche et quelques cailloux... sans effet de style ni artifice. Un air presque familier se dégage du personnage. C'est Malcolm Douglas, et mes recherches m'apprennent que malgré sa simplicité, ce papi old school est une des figures les plus célèbres du continent. Il a saisi le rêve d'une génération et renouvelé le mythe de l'homme face à la nature : une aubaine considérant tout ce qui coure, rampe, nage et vole dans le coin... Dans les années 60, âgé de 23 ans, il laisse tomber son travail au ranch pour parcourir l'Australie avec son ami David Oldmeadow. Le périple durera quatre années, pendant lesquelles les compères filmèrent leurs aventures. Il en résultera un documentaire devenu classique, et le poussera à en produire de nombreux autres suivant la même méthode : des prises réelles, sans "filet de sécurité" en cas de pépin. Accessoirement chasseur de crocodiles (Crocodile Dundee, mais sans les répliques humoristiques), il en devient finalement le gardien en ouvrant son propre Crocodile Park où il les soigne, les nourrit et les fait connaître. Son plus fidèle compagnon reste tout de même son chien, devenu aussi célèbre que lui. Il filma également des aborigènes tuant des kangourous afin de boire leur sang car l'eau manquait. Après avoir arpenté les régions arides, triomphé des serpents venimeux et vaincu un cancer, il est victime d'un accident de 4x4 sur sa propriété il y a quelques semaines. Son corps est retrouvé bloqué entre sa voiture et un arbre, le mystère demeurant entier sur cette ultime cascade. Aujourd'hui, le bon vieux Malcolm laisse derrière lui son histoire, ses images et l'Australie pleure son héros.

Friday, November 12, 2010

Sculpture by the Sea

Où la terre rencontre la mer, sur la portion de côte entre Bondi Beach et Tamarama Bay, l'œil vacille sur les curieux étrangers... d'où viennent ces humanoïdes tourmentés, les yeux rivés sur la grande bleue ? Ces matières travaillées, mises en scènes, échouées ? Probablement lassés des quatre murs, les morceaux d'art ne pouvaient rêver plus belle galerie... Et ici ils demeurent, quelques jours, intrigants, élégants, osés... et bronzés.