Obsession
Il y a quelques semaines, quatre affamés de culture que nous sommes (Alice, Damien, Emilien et moi-même) nous ruèrent sur les places de "Cuisines et dépendances", une pièce de théâtre en français et sous-titrée en anglais, au French Sydney Theatre. Je passerais les détails sur les "effets spéciaux" prévus pour permettre aux curieux sydneysiders de goûter à l'humour caractériel de Jaoui et de Bacri, une coordination bien maladroite qui rajoutait du défi à une troupe d'amateurs déjà bancale. Pas de quoi se plaindre pour une soirée d'automne austral qui sort de l'ordinaire, si loin de nos repères francophones. Ce soir là, nous repartîmes en ignorant deux choses : la prémonition du titre de la pièce, et ce qu'il adviendrait des quatre cartes laissées au fond d'un bocal, coordonnées dévoilées, au prétexte d'un tirage au sort...
Deux semaines après, un mail attire mon attention "Congratulations... you've won !". Encore un junk mail ! A tout hasard, j'ouvre... Je venais de gagner le deuxième prix, un voucher de 200$ dans un restaurant français "Tastevin". Enfin une bonne bouffe ! Dans l'heure qui suit, mes trois comparses sont mis au courant et je confirme la réservation pour la semaine suivante. L'événement est sur toutes les lèvres, l'excitation à son comble. Il est plus facile de savourer son cheddar quotidien, sa tranche de bacon blafarde ou boire son jus de café infâme quand on sait que le temps d'un repas, à une heure décente, on dégustera une entrée, un plat, un dessert, dans cet ordre, accompagné de bon vin... tellement fou, tellement inespéré ! (j'exagère à peine) L'heure venue nous voilà attablés, plus nombreux que prévu mais pas moins affamés. Le menu, la carte des vins. L'apéro. La recommandation ? le saucisson de Jean-marc, "Who the hell is Jean-Marc ?" He is... THE saucisson maker of Sydney ! Une célébrité ! Comment ça il n'y en a plus ce soir ? Difficile de calmer Damien... et le regard amer d'Alice. L'apaisement revient grâce aux gnocchis à la parisienne et à la corbeille de pain (qui prendra cher jusqu'au dessert). Cette mise en bouche de haute volée ne fait qu'introduire un repas de premier choix : foisonnent les eye grained filets, sole intégrale cuisinée, crèmes brulées, tartelettes au chocolat comme celles de maman... L'arrivée de chaque nouveau plat marque le retour du silence dans la salle, pour une courte durée. Du rouge, du blanc, du sec, du liquoreux ! Tous les gourmets aux tables voisines ne réalisent pas ce qui se passe, indescriptible... avez-vous déjà imaginé le premier repas de Robinson Crusoé au retour de son exil, ou pour une référence plus contemporaine, le premier festin des finalistes de Koh Lanta à leur retour en métropole ? Le restaurateur parisien, alerté par le barouf, nous prend sous son aile et ajoute à l'euphorie en payant sa bouteille... Tard nous partons, repus.
Deux semaines après, un mail attire mon attention "Congratulations... you've won !". Encore un junk mail ! A tout hasard, j'ouvre... Je venais de gagner le deuxième prix, un voucher de 200$ dans un restaurant français "Tastevin". Enfin une bonne bouffe ! Dans l'heure qui suit, mes trois comparses sont mis au courant et je confirme la réservation pour la semaine suivante. L'événement est sur toutes les lèvres, l'excitation à son comble. Il est plus facile de savourer son cheddar quotidien, sa tranche de bacon blafarde ou boire son jus de café infâme quand on sait que le temps d'un repas, à une heure décente, on dégustera une entrée, un plat, un dessert, dans cet ordre, accompagné de bon vin... tellement fou, tellement inespéré ! (j'exagère à peine) L'heure venue nous voilà attablés, plus nombreux que prévu mais pas moins affamés. Le menu, la carte des vins. L'apéro. La recommandation ? le saucisson de Jean-marc, "Who the hell is Jean-Marc ?" He is... THE saucisson maker of Sydney ! Une célébrité ! Comment ça il n'y en a plus ce soir ? Difficile de calmer Damien... et le regard amer d'Alice. L'apaisement revient grâce aux gnocchis à la parisienne et à la corbeille de pain (qui prendra cher jusqu'au dessert). Cette mise en bouche de haute volée ne fait qu'introduire un repas de premier choix : foisonnent les eye grained filets, sole intégrale cuisinée, crèmes brulées, tartelettes au chocolat comme celles de maman... L'arrivée de chaque nouveau plat marque le retour du silence dans la salle, pour une courte durée. Du rouge, du blanc, du sec, du liquoreux ! Tous les gourmets aux tables voisines ne réalisent pas ce qui se passe, indescriptible... avez-vous déjà imaginé le premier repas de Robinson Crusoé au retour de son exil, ou pour une référence plus contemporaine, le premier festin des finalistes de Koh Lanta à leur retour en métropole ? Le restaurateur parisien, alerté par le barouf, nous prend sous son aile et ajoute à l'euphorie en payant sa bouteille... Tard nous partons, repus.
Les jours qui suivirent furent teintés de mélancolie. Alice essaya de nous divertir à coup de gâteaux aux chocolat fondants, de cheesecake expérimentaux plus crémeux / sucrés / nourrissants les uns que les autres "Ne laisse pas cette part de cheesecake, elle pourrait nourrir tout un village en Afrique !" clamèrent certains.... cela ne suffisait pas. L'expérience devait être renouvelée. Alice fut la première à réunir nos quatre estomacs pour concocter officiellement un dîner presque parfait, en territoire conquis, armée d'un Rice Cooker et de trois blocs de Philadelphia. L'idée naquit. Retrouvons-nous, partageons, échangeons autour de bon mets. Elodie remet le couvert, dans son appartement underground quoique roof-top sur Elizabeth Street. Repas brésilien très réussi à base de fruits de mer et agrémenté d'un side-dish inconnu. Le résultat est le même, bien mangé, bien bu, peau du ventre bien tendue. Nous nous sentons chaque fois un peu plus proches des héros de l'émission la plus regardée d'Australie, Masterchef, réalisée comme un épisode des experts version casseroles et télé-réalité. Remède au complexe gastronomique du continent oublié ? Damien se porte volontaire pour la prochaine édition, après avoir gentiment congédié son coloc. Encore une fois, explosion des papilles avec des noix de saint-jacques suivies d'un filet mignon-pumpkin-spinash. C'est une pizza au nutella et un homemade crumble qui viennent clôturer les hostilités et nous pensons à notre initiatrice, retenue au Vietnâm. Il ne reste plus qu'Emilien et moi pour achever la prophétie dans les jours qui viennent. Parfois encore, sortis du rêve, à la fin d'une longue journée ou dans la précipitation, que l'estomac ronronne, abandonnés au matraquage visuel fast-foodien intempestif, on cède... retour chez le double maléfique de Burger King, le bien nommé "Hungry Jack's"
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